vendredi 27 septembre 2019
mercredi 25 septembre 2019
SLIMANE L'ASSAUT
UN HOMME , UN HÉROS , UNE LÉGENDE
Parler d’un héros, un véritable héros de l’envergure et la trempe de Slimane Guenoune dit l’Assaut, est une tâche très difficile , rendue compliquée par la complexité du personnage et la singularité de sa bravoure et son courage. Une tâche une fois terminée, ne peut être que marquée par l'admiration et le profond respect qui sont dûs en ce temps de lâcheté, à un homme valeureux et exceptionnel.
Lui rendre aujourd'hui cet hommage laudatif et aussi si tardif, n’est qu’une justice qui a pris son temps, un temps qui n'est pas le notre .une justice prononcée en dernier recours par la Cour de l'histoire, faite à un homme vaillant et déterminé qui mérite tous les égards. Un homme trahi par un système postcolonial injuste, ingrat et moralement en faillite.
Slimane l’assaut disons-le , le dernier lion intrépide de Souk Ahras, était le prototype même de cet algérien confiant et fonceur, que rien ne décourage pour défendre au péril de sa vie, une cause juste et loyale comme le fut superbement et incontestablement l’indépendante nationale.
Sa désignation somme toute logique comme étant le « Troisième lion de Thagaste » était tout à fait naturelle et allait d'elle même. Elle était exemplaire de la mémoire de cette guerre d’Algérie qui s'imposait alors à tous ceux qui l’ont connu et côtoyé.
Slimane l’assaut qui fut la bête noire et la hantise des militaires français et plus particulièrement des parachutistes de la 9 ème RCP; et aussi le fantôme qui hantait l’esprit du célèbre criminel Ritzanthaler, fit trembler par la seule évocation de son nom, les plus hardis des colons. Il fut l’incarnation même de la vaillance et de l’audace.
Par son charisme et son impudence, Slimane l’Assaut avait gagné beaucoup d’admirateurs et de sympathisants parmi ses propres ennemis et adversaires, qui par honnêteté intellectuelle qui était la leur , reconnaissaient en lui et à juste titre d’ailleurs et à sa juste valeur, le héros légendaire de Souk Ahras.
Outre ses ennemis colons, Slimane l’assaut eut à combattre la jalousie et la haine qui rongeaient alors beaucoup de ses amis du combat, qui haineux et de mauvais coeurs, jurèrent sa perdition. Il fut malgré lui, l’objet concret de la rivalité et du désamour qui existaient entre les officiers de l’ALN (Boumediene et Amirouche).
Ses détracteurs parmi ses ennemis algériens qui furent au plus haut du sommet de l'état-major de l'ALN, la branche Oujda, lui collèrent l’étiquette de mercenaire et d’ivrogne pour le décrédibiliser, ternir son image de héros et réduire sa notoriété qui dérangeait à l'époque, l'égo de certains colonels.
Ce ressentiment persistant même après l’indépendance, lui causa sa perte. En effet, Ammi Slimane n’a plus donné signe de vie depuis 1976. Certains proches de l'ancien système, disent sans affirmer, qu’il avait été jeté d’un hélicoptère sur ordre d'un de ses proches compatriotes, non moins illustre par son nom mais dont le passé révolutinnaire est sans doute beaucoup moins glorieux et enviable.
Preuve d’ingratitude d’un système oublieux et disgracieux, pas un seul documentaire n’a été réalisé sur lui ou sur le travail héroïque du commando qu’il dirigeait. Pas un seul hommage officiel à sa mémoire, lui qui fit la Une du quotidien New York Times, un témoignage universel de sa bravoure, écrit de la plume même du célèbre journaliste de guerre, l'américain Homer Bigart venu spécialement à Souk Ahras pour l'interviewer.
Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les plus sensibles louanges vennaient n’ont pas de ces anciens camarades d’armes mais de ses pires ennemis : Les militaires et les anciens colons français de Souk Ahras, la cambattante.
Ritzanthaler, le tortionnaire de Souk Ahras, s'était confié à un journal d'extrême droite du Sud-Est en 1988 et avait déclaré : GUENOUN m'avait laiss prendre peur de chaque femme vêtue de son voile noir, tellement, il peut surgir de n'importe où et déguisé en n'importe quoi.
Repose en paix Slimane, les héros de ton gabarit on ne peut les oublier si facilement car l’histoire est impitoyable avec ceux que essayent de la travestir. Repose en paix héros et sache que les mercenaires de l’écriture de notre histoire, histoire de l'Algérie ne peuvent l'écrire à leur guise ni peuvent déchirer les pages de tes sacrifices, écrites avec le sang indélébile de tes vrais amis , le sang des chouhada.
C’EST OFFICIEL , EN ALGÉRIE ON N’AIME PAS LES HOMMES
Difficile de croire que ces trois héros ahrassiens sont totalement et sciemment ignorés presque par tout le monde en Algérie et à Souk Ahras et pourtant , ces lions de Thagaste avaient donné leurs vies pour défendre l’Algérie . Le seul tort de ces vrais thagastois, dignes descendants de Tacfarinas , ils avaient combattu outre la France , les colons ottomans.
Aucune rue ou un édifice à Souk Ahras ne porte le nom d’un de ces héros. Complètement oubliés par leurs compatriotes, ces combattants de première heure ne méritent certainement pas ce traitement de trahison.
El Kablouti , El Hasnaoui ou El Resgui auraient été aujourd’hui de véritables héros s’ils avaient négocié leurs vies sauves avec l’ennemi en sus d’une confortable pension en francs forts et une vie de châteaux comme l’avaient fait certains en leurs temps.
Dignes enfants de Tacfarinas , ces trois héros de Souk Ahras ne savent de la vie d’un combattant que deux choses , gagner ou mourir . La vie de châteaux , ce n’est pas eux , ils étaient trop braves pour mourir de vieillesse ou dans un lit.
BIEN CONNAITRE SA VILLE NATALE
Et oui, vous ne rêvez pas ! Il y avait bien une statue de la Liberté dans notre bonne ville de Souk-Ahras. Elle se trouvait sur la place Thagaste devant le grand hôtel d'Orient.
nous pouvons dire, en tenant compte du timbre poste, que cette photos pourrait dater d'environ 1908.
Remarquez les 2 lions en bronze de chaque coté, les plus jeunes d'entre nous les ont connus en bas des escaliers de l'église.
La réponse à la question de savoir pourquoi, les 2 lions avaient quitté leurs piédestals après notre départ en 1962?
Nous avons la réponse à cette question sous les yeux.
Les 2 lions ont été installés au bas des escaliers, après la démolition de la fontaine ainsi que la statue et sa colonne en 1912.
A l'indépendance, les 2 lions ont été tout bonnement rapatriés sur la place Thagaste, ils ont rejoint leur emplacements d'origine.
Superbe photo à conserver dans nos albums de souvenirs.
CHASSE AUX LIONS ET AUX PANTHÈRES À SOUK AHRAS
Des photos très rares voire jamais publiées d'une partie de chasse aux panthères et aux lions à Souk-Ahras et Laverdure Machroha 1903.
SUR LES TRACES DES LIONS DE SOUK AHRAS
En fouillant parmi les centaines d'anciens télégrammes officiels entre Souk Ahras et d'autres villes algériennes, on est tombé sur ce message du 22 septembre 1927 très particulier et très important car il nous confirme que jusqu'à 1927 , les lions de Thagaste existaient encore dans la région de Souk Ahras.
AHMED BEN AMAR LA LÉGENDE DE SOUK AHRAS
De son doux regard jaillit un air d'humilité. Il a osé apprivoiser les lions et les rendre des animaux de compagnie.
Tel fut , il n' y a pas si longtemps, notre courageux et brave Ahmed Ben Amar. Il n'avait pas peur des fauves, il les tutoyait. Il avait contraint ces rois des animaux à abdiquer et à lui céder leurs trônes. Les lions n'ont pas de place , Amar est le seul roi de Souk Ahras.
Ahmed Ben Amar , l'illustre chasseur de lions avait fait l'objet de deux livres . Leurs auteurs ont immortalisé sa bravoure et ses aventures dans les bois de Souk Ahras.
Je vous laisse lire ces quelques paragraphes tirés du fameux livre de Benjamain GASTINEAU louant le courage de notre Ahmed Ben Amar.
" Mon tueur de lions et de panthères est complétement inédit, et si je ne m'étais rencontré avec lui à Souk-Arras, il serait sans doute mort inconnu du monde européen, emportant dans son cercueil sa
belle épopée des trente-neuf lions et des quinze panthères qu'il a tués, et qui ont marqué son corps de coups de griffes et de coups de gueule, baisers et étreintes de bêtes féroces à l'agonie, que j'ai vus de mes yeux et touchés de mes doigts. J'ai vu les cicatrices encore béantes des griffes de la lionne sur son omoplate, et j'ai mis les doigts dans les trous de son crâne creusé par les coups de dents dela bête. Quant à la liste de ses exploits, elle est inscrite' sur les registres du bureau arabe de Souk-Arras. Il n'y a pas de saint Thomas qui puisse douter de la réalité des faits ainsi stéréotypés sur le papier et sur l'homme. Ahmed-ben-Amar m'a raconté lui-même ses prouesses. J'écris en ce moment son odyssée sur des notes prises au crayon, en l'écoutant dans la forêt d'Aïn-Sanour. Comment pourrais-je communiquer à mes lecteurs les impressionsterribles que ses récits m'ont fait ressentir?
Quelle plume pourrait rivaliser avec ce théâtre en action, cette parole vivante, chaude, concise, colorée, modulant les gammes les plus étranges: rugissements du lion, miaulements de la panthère, aboiements plaintifs du chacal, jus- qu'aux frémissements nocturnes des forêts; — ces yeux, qui, par leur éclat et leur fixité, magnétisent la bête féroce, — cette mobile physionomie dépeignant tour à tour l'attente paisible du danger, la résolution, l'enthousiasme, l'orgueil; cette pantomime mettant en mouvement tous les signes, tous les décors, toutes les créations dela nature ? Ben Amar est le premier homme qui m'aitfait comprendre qu'en rhomme se résume le théâtre tout entier de ses moyens d'action.
Source :
Chasse au lion et à la panthère en Afrique de Benjamin Gastineau
DE L'OURS AU LION LES EMBLÈMES DE SOUK AHRAS
Si le lion est aujourd'hui l'emblème de Souk Ahras , l'ours fut celui de Thagaste.
Goulven Madec un des plus grands spécialistes de Saint Augustin avait dit un jour d'été de 1993 en traversant la place de l'indépendance de Souk Ahras et en voyant les lions dorés gerbés: sur leurs piédestaux : Je vois que vous avez même changé d'emblème . Ignorant de quoi, il voulait me parler , il m'avait alors longuement expliqué que l'ours était la figure emblématique de Thagaste et que la population de l'époque vivait paisiblement au milieu de ces ursidés. L'ours était pour les anciens de Souk Ahras comme un animal de compagnie. Il était presque vénéré. C'était la mascotte des thagastois. Il racontait que Nebridius ami d'enfance de Saint Augustin vivait de l'élevage des ours . Quand il fut nommé évêque de Mileve ( Mila), la population locale fut étonnée de le voir arrivé dans leur ville avec deux ours bruns. Son fils Adéodat avait aussi un ourson à la maison avec qui, il partageait ses repas .
L'HEURE DE L'OURS
L'heure de l'ours est une expression très utilisée dans le parler et aussi la littérature thagastoise. Elle veut dire qu'il était tard et qu'il faut rentrer à la maison . En effet , l'heure de l'ours est le moment où tous les anciens thagastois rentraient chez eux pour laisser les ours venir s'abreuver à la source de la colline sans doute celle de Ain Zarga aujourd'hui .
En préparant la venue du pape Jule II à Souk Ahras, l'évêque de Carthage avait écrit à son homologue de Souk Ahras au début du 15ème siècle.: Bientôt sa sainteté retrouvera le berceau de la lumière Thagaste, je compte sur vous pour attacher les ours et éloigner les panthères de son saint chemin.
Au sujet des ours Saint Augustin avait écrit : Ils sont doux comme les chats de ma mère . On jouait avec avec eux et on ne savait pas qu'ils étaient aussi dangereux.
Possedius évêque de Calama ( Guelma) et enfant de Souk Ahras avait écrit dans sa biographie de Saint Augustin que Sainte Monique avait failli être tuée par des ours affamés quand ils avaient attaqué sa maison.
Ainsi l'ours était l'animal fétiche des Thagastois avant qu'il cède sa place au roi des animaux.
Source :
Temoignage de Goulven Madec
Vie de Saint Augustin Possedius
La vie de Saint Augustin Serge Lancel
La vie à Thagaste Études Augustiniennes de Paris
Saint Augustin Afer Actes de Colloque
LE DERNIER COMBAT DE BEN-AMAR LE CHASSEUR DES LIONS DE SOUK AHRAS
Ben-Amar cet intrépide chasseur des lions avait toujours peur des lionnes. Il avait toujours dit que mourir avec les griffes d'une lionne est un honneur que les lions ne pouvaient lui offrir . Ainsi le héroïque Ben-Amar a fini sa vie, tué par une féroce lionne de Souk Ahras.
Voici le récit de son dernier combat raconté par un témoin européen Charles Plémeur dans son fameux livre , Le lion Désappointé.
Ben-Amar gravissait en pleinjour une petite montagne toutecouverte d'épaisses broussailles, lorsqu'à trente pas de lui, il aperçutune lionne entourée de quatre lionceaux assez forts.
Résolu etrapide comme la foudre, il viseaussitôt sa lionne, la frappe d'uneballe qui lui traverse l'épaule. Les lionceaux effarés se sauvent, leur mère s'enfuit d'un autre côté. Mais, selon son habitude, le Négro avait promptement rechargé son arme etétait arrivé à temps pour couper à la lionne le passage du sentierqu'elle suivait, en laissant sur sestraces une traînée de sang. A cinqpas d'elle, il tira un second coupde fusil, qui lui traversa le cou.
Rugissante, elle bondit sur Ben- Amar, qui tomba et roula sur son poitrail. L'intrépide Amar, à terre, ne perdit pas la tramontane; ilsortit un couteau de sa gaîne fixéeà sa ceinture, et chercha à poignarder la lionne; mais n'ayant pas assez de jeu, son couteau glissait sur le poil de son ennemie.Ben-Amar appartenait sans défense possible à la fureur de lalionne, qui le traîna au bord d'un profond ravin et le lâcha sur la pente de l'abîme. Ben-Amar s'accrocha à quelques touffes d'alfa,en serrant convulsivement dans samain le couteau qui jusque-là lui avait été inutile. La lionne s'assit en rugissant devant lui comme pourle narguer. Amar répliqua à ses rugissements par les plus outrageantes épithètes qu'il put trouver dans son répertoire, la taxant de lâcheté et de félonie, si bien que la lionne se jeta sur Amar, lui enveloppa la tête dans son haïk, et fit disparaître tête et haïk dans sa mâchoire. Amar labourait inutilement d'inoffensifs coups de couteau les flancs de son ennemie. La lionne, après avoir donné un coupde gueule au dur crâne d'Ahmed.— qui conservera toujours sur soncrâne la glorieuse couronne creusée par les dents de la lionne, —lâcha la tête du chasseur, le reprit avec ses griffes à la cuisse, et le tint ainsi suspendu au-dessus de l'abîme. Par un mouvement énergique, dont est seul capable un homme de sa force musculaire, Ben-Amar, réunissant tous ses efforts dans ce danger suprême, se redressaet plongea son couteau dans lagorge de la lionne, qui s'abattit etrâla. Ben-Amar tomba mourant àcôté d'elle; le sang coulait abondamment de ses cinq ou six blessures. Il perdit connaissance.» Concevez-vous un plus glorieux spectacle de la puissance humaine que cet Arabe, évanoui sur la limite d'un abîme, aux côtésdu terrible animal que son héroïsmea vaincu?» Revenu à lui, Ben-Amar, ensanglanté, eut le courage de setraîner sur ses pieds et sur ses mainsjusqu'à un douar, d'où il fut tranaporté à Souk-Arras. C'est à peines'il avait figure d'homme. Lescoups de griffe et les coups de la gueule de la lionne l'avaient mutilé. On fut obligé de lui extrairedeux petits os fracturés du brasdroit.son crâne était percé et les quarante francs que le bureau arabe lui donna, enrecevant le corps de la lionne,suffirent à peine à payer ses médicaments.» L'intrépide Arabe a tué la plupart de ses trente-neuf lions à laface du soleil, sans se servir d'aucun appât ni employer aucune ruse,armé d'un couteau et d'un fusil, en poussant droit sur les fauves.
La curée des lions de Kef Messaoura (Région de Sedrata, Wilaya de Souk Ahras)
LA CUREE DES LIONS DE KEF MESSAOURA
Un lieu : Kef Messaoura, faisant partie de la commune de Zouabi, entre Sédrata et Aïn Soltane, dans la wilaya de Souk Ahras. Un patrimoine de classe mondiale : des gravures rupestres.
Kef Messaoura, commune de Zouabi, région de Sedrata, Algérie.
En ce lieu, sur la roche de cette falaise, nous observe une civilisation plus ancienne que celle de l’Egypte des Pharaons, une civilisation plus ancienne que celle de Mésopotamie en Irak, une civilisation ayant existé avant celles des peuples incas, aztèques et mayas, une civilisation plus ancienne que celles de la Grèce et de la Rome antiques, une civilisation d’avant l’écriture et que les différentes études ont classée à l’ère du néolithique, six à sept millénaires avant Jésus Christ.
En ce lieu, cette civilisation de la nuit des temps est matérialisée par des gravures rupestres. Ces dernières, constituent un chaînon important d’un ensemble relevant du patrimoine de l’Algérie, du bassin méditerranéen, de l’Afrique et de l’humanité.
Les gravures rupestres de Kef Messaoura montrent une faune représentant des animaux sauvages : six lions, un sanglier, deux chacals et peut être une hyène au niveau de la première paroi, deux autruches et un bovidé au niveau de la deuxième paroi, des motifs indistincts au niveau de la troisième paroi.
Kef Messaoura, commune de Zouabi, région de Sedrata, Algérie.
Sur la première paroi en grès, le tableau met en scène une famille de lions en train de dévorer un sanglier, pendant que deux chacals semblent attendre le moment propice pour se jeter sur les restes.
Kef Messaoura, commune de Zouabi, région de Sedrata, Algérie.
Les animaux ne sont pas représentés isolément et les figures, au nombre de dix, correspondent entre elles. Leur interdépendance constitue une séquence de chasse prise sur le vif. La « photographie » instantanée immortalise un laps de temps pendant lequel le lion, interrompant sa curée, lève la tête. A-t-il senti une présence ? Si oui, qui est cet intrus ? S’agit-il de l’artiste ?
Kef Messaoura, commune de Zouabi, région de Sedrata, Algérie.
La « toile » est de très bonne expression. C’est ce qui a fait dire à Stéphane Gsell : « Bien souvent, il est impossible de distinguer l’animal que l’ « artiste » a voulu représenter. Il est pourtant des exceptions. Les lions, les chacals et le sanglier de Kef Messiouer […] révèlent des dons d’observation assez remarquables : un profil ferme et net rend avec bonheur l’aspect des animaux, parfois même leur attitude dans tel ou tel mouvement. » (Histoire ancienne de l’Afrique du Nord ; page 24).
De l’autre côté, au niveau de la deuxième paroi, à droite, sont représentés un bovidé et deux autruches
. Kef Messaoura, commune de Zouabi, région de Sedrata, Algérie.
Un travail de la roche a précédé l’exécution de ces gravures. En effet, elle a été taillée, façonnée, modelée, préparée, transformée de manière à empêcher l’eau provenant du haut de la falaise de toucher les dessins. Entre les deux, nous pouvons distinguer une autre paroi, malheureusement dans un état très avancé de détérioration. Il n’y reste que des traits indistincts.
Kef Messaoura, commune de Zouabi, région de Sedrata, Algérie
L’exécution de ces dessins a évidemment nécessité une technique adaptée, un savoir et savoir-faire avérés. A quels mobiles la réalisation d’un travail aussi long, aussi pénible, aussi laborieux a-t-elle obéi ? Simple instinct d’imitation ? Ne faut-il pas plutôt intégrer les recherches dans le cadre des comportements métaphysiques humains, c’est à dire du côté de la religion et de la magie ?
Contrairement aux chacals et aux sangliers, les lions et les autruches ont disparu de la région. Les causes ? Elles sont sûrement à trouver, entre autres, dans les changements climatiques survenus au cours des siècles. Les premiers, ayant pu s’adapter, existent toujours. Les deuxièmes, ayant besoin d’un climat plus humide, ne figurent plus sur la liste des animaux de la région.
Kef Messaoura, commune de Zouabi, région de Sedrata, Algérie.
Il serait intéressant de se demander pourquoi l’homme préhistorique a choisi de représenter le lion. L’allure de l’animal, son aspect impressionnant, sa force, sa puissance ont de tout temps fasciné. Son image n’a-elle pas transcendé les siècles et les millénaires pour servir de faire-valoir aux dieux, demi-dieux et héros ? Ces derniers ne pouvaient prétendre à la vénération et à la considération qu’après avoir vaincu le lion.
Et le sanglier ? Et les autruches ? Et les chacals ? La réponse est problématique. Leur représentation est-elle due seulement au fait qu’ils aient existé à ce temps ? Ce procédé particulier pour faire durer, représenter, figurer, illustrer, introduire, matérialiser sur les parois rocheuses des événements vécus, réels, autnentiques, dont l’artiste a été le témoin privilégié, fait appel à une culture du visuel et à une imagination nécessitant des capacités intellectuelles que ne peut avoir l’homme du paléolithique. Cette technique mène à notre modernité. Peut-on dès lors parler de l’homme préhistorique moderne ? L’interprétation objective de ces œuvres nées avant l’écriture n’est pas aisée.
- Pourquoi les hommes reproduisent-ils les images des animaux ? La plupart de ces derniers, les lions par exemple, n’ont-ils pas été déifiés et honorés ? Est-ce une manière de leur rendre hommage ? Est-ce pour obtenir leur assistance et leur protection ? Certaines images d’animaux ne sont-elles pas des offrandes à des divinités ? S’agit-il de pratiques funéraires témoignant d’un culte des morts ?
Le site préhistorique de Kef Messaoura offre aux chercheurs des éléments de première importance. Le décryptage des données gravées sur la roche, les tenants ayant trait au choix du lieu, les faits découlant de la nature du terrain permettront - un tant soit peu – de lever le mystère qui entoure cette période correspondant aux premiers temps de l’humanité.
CHASSE AUX LIONS ET AUX PANTHÈRES À SOUK AHRAS
Ces photos nous ont été gentiment offertes par la petite-fille de ce chasseur ici sur la photo , Jean-Louis Jacquard que nous remercions beaucoup bien évidement tout en regrettant ce type de chasse qui a fait disparaître de nos forêts le symbole même de Souk Ahras.
mardi 24 septembre 2019
Une vieille image sculptée de Souk Ahras anciens datant de 1847
Cette belle image sculptée est la deuxième plus ancienne connue de la ville de Souk Ahras # dépassée.
Gravé par le photographe français (Alfred Nicolas Normand), ce photographe est également l'architecte qui a élaboré le schéma de municipalité mixte de Souk Ahras. La ville est descendue «actuellement le musée» et la prison, et est également l'auteur du projet d'expansion de la Place de l'Indépendance (Thagaste) en 1888. .
Il a également restauré l'arc de triomphe de Paris et la colonne de Vendôme et a construit les plus belles demeures parisiennes et françaises, dont le château de La Tour et l'hôpital Saint-Germain-de-Lay, classé monument historique.
Une série de photographies de la belle ville de Souk Ahras (Petit Paris) a été publiée dans le célèbre magazine L'ILLUSTRATION le 20 septembre 1876, page 220, où le photographe et architecte français Normand aurait vécu à Souk Ahras entre 1844 et 1848. Au marché d'Ahras, nous notons sur la photo la présence de l'église du révérend Augustin, fils de Taggit, construite en 1847, qui montre que l'inscription pendant son passage sur le marché d'Ahras et la présence de l'église en sont un signe chronologique.
Après 1852, la photographie naturelle est arrivée et le procédé de gravure et d'imitation n'est plus utilisé: il est très difficile de parler d'histoire sans documents précis et indiscutables.
Seules les archives de Souk Ahras peuvent nous aider à réécrire l’histoire du développement de notre belle ville historique.
HISTOIRE TOPONYMIQUE
LE NOM DE SOUK AHRAS VIENDRAIT DE SIK AORÈS ? سيق اوراس
Quand on évoque le passé de Souk Ahras, on parle souvent de Thagaste ou de Tajilt mais jamais de Sik Aorès sous lequel pourtant notre ville est très probablement née il y a très longtemps , il y a plus de 3000 ans .
Le premier qui avait parlé de ce nom qui nous est étranger voire barbare est l'érudit Hérodote et bien plus tard Ptolomée.
Ni Saint Augustin ni Apulée pourtant très patriotiques et très savants n'avaient parlé de cet ancien nom de Thagaste. Pourquoi ? On ne sait pas.
Peut-être ce nom leur évoque le passé très païen et paganiste de Thagaste ou peut-être ne savaient rien ou ils avaient estimé qu'il n'y avait pas lieu de le citer .
Le premier qui avait fait le rapprochement entre ce nom très ancien et très connu par les historiens de l'antiquité et surtout des spécialistes de la période biblique , est le géographe français Henri DUVEYRIER dans son opus Loco Citato.
Sik Aorès d'où sans doute est né le nom Aurès, veut dire l'Enceinte du Sanctuaire . Ce fut un ancien lieu de pèlerinage païen qui selon ce géographe français, on venait de partout pour le visiter même d'Égypte . Sans doute ce nom a disparu aux premières années de l'arrivée du christianisme à Souk Ahras ou peut-être même avant , à l'arrivée des premiers romains.
Les premiers missionnaires chrétiens avaient pour habitude de changer les noms des lieux dont la population est récemment convertie au christianisme ce que fut le cas de beaucoup de villes nord-africaines et moyen-orientales ou peut-être ce sont les premiers colons romains qui avaient décidé de faire ce changement de nom comme plus tard l'avait exigé Caracalla pour d’autres cités numides et mauretaniennes. À vrai dire, on ne sait rien de cette histoire ou très peu. Henri DUVEYRIER est un géographe et historien de renommée mondiale et on doit lui faire confiance.
Pour avoir confondu souk Ahras avec Sik Aorès, Duveyrier s'était basé sur les écrits de Hérodote qui fut lui aussi une source digne de confiance.
Phonétiquement parlant Souk Ahras ressemble étonnamment à Sik Aorès . Bizarre ! Et si Ahras n'est qu'une déformation de Aorès ? Pour être sûr de ce rapprochement phonétique , il faut chercher si les premiers occupants musulmans de Souk Ahras ne connaissaient pas Hérodote, chose qui ne m'étonnera personne vu le grand savoir et l'érudition des arabes à cette époque là. C'était l'âge d'or de l'islam.
Ça reste toutefois une supposition historique mais c'est une hypothèse sérieuse et une explication probable et plausible à certains de nos questionnements. . Autrement dit , Thagaste n'était pas le premier nom de Souk Ahras mais bien probablement Sik Aorès.
Source et documents historiques
VOIR PUBLICATION CI-DESSOUS
Autres sources :
- Loco Citato de Henri Duveyrier
- Histoires de Hérodote
- Revue africaine 1888
- Prosopographie chrétienne du bas empire de Mandouze
SOUK AHRAS EST LE NOM DONNÉ PAR L'ENVAHISSEUR FRANÇAIS POUR EFFACER NOTRE HISTOIRE
Souk Ahras est la dernière dénomination donnée injustement à l'antique et célèbre Thagaste et puis Tagilt. Aucun livre, aucun écrit, aucune carte et aucun document ne fait mention de ce nom de Souk Ahras avant 1856 . Pourquoi donc ce changement de nom ? Etait-il utile ? Pourquoi le capitaine Lewal avait-il débaptisé Tagilt et lui avait donné le nom d'un marché ? Sans doute pour effacer la longue histoire de cette ville qui quand elle enseignait le monde les sciences , Paris vivait dans les ténèbres de l'ignorance .
Pourquoi les autorités et les responsables de cette ville martyre de l'abandon et de l'injustice économique et culturelle n'enseignent pas à nos enfants la véritable histoire de notre ville Tagilt ? Souk Ahras est un nom colonial, un nom donné par un envahisseur qui voulait réécrire l'histoire de notre ville et nous faire oublier que Tagilt est le nom de la cité de nos ancêtres et cela depuis le IV éme siècle de notre ère.
Le géographe et historien allemand Johann Ernst Hebenstreit qui avait visité Tagilt ( Souk Ahras) le 26 juin 1732 avait écrit que le nom tagaste n'existait plus sauf sur quelques pierres tombales. Tagilt est aujourd'hui la digne héritière de la savante Tagaste .
On peut lire aussi sur le livre de ce célèbre explorateur allemand , Nouvelles Annales des voyages ceci : A peu de distance de la Calle, dit Hebenstreit (3), sont les ruines de Tagaste (aujourd'hui Tajilt), patrie de saint Augustin. M. le colonel Lapie la place plus au sud, sur la rive droite de l'Hamise.affluent du Méjerda . Les inscriptions qu'on doit y trouver fixeront l'emplacement et la synonymie de cette ville importante qui restent encore dans le doute.
Il est temps pour nous de réécrire ou plutôt d'écrire la véritable histoire de notre ville et se débarrasser de nos stupides sentiments pro coloniaux et enseigner à nos enfants que Souk Ahras est un nom donné par les colons. Souk Ahras n'est Souk Ahras que depuis 1856 , depuis moins de deux cents ans quand Tagilt le nom berbère de notre ville avait existé pendant 14 siècles.
▪ Sources :
- Die Beiden Afrikaforscher Johann Ernst Hebenstreit Und Christian Gottlieb Ludwig: Ihr Leben Und Ihre Reise...
- Nouvelles Annales des voyages Tome deuxième de l'année 1837
dimanche 22 septembre 2019
SOUK AHRAS , LA CITÉ DES LUMIÈRES
Tenez bien cette date , le 26 mai prochain une journée sera consacrée à la ville de Souk Ahras à la Sorbonne . Une journée organisée par l'IEA de Paris et le CNRS sous le thème de Souk Ahras , la Cité des Lumières où plusieurs conférences seront données. Un hommage sera rendu à tous les grands spécialistes de Saint Augustin et à leurs têtes André Mandouze et Goulven Madec.
HOMMAGE D'UN SIMPLE MUSULMAN À UNE GRANDE CHRÉTIENNE
À TOI SAINTE MONIQUE, L'ÉTERNELLE AMOUREUSE DE SOUK AHRAS
《 Seigneur ! Fais que je meurs à Thagasius ( Souk Ahras ) ma noble terre et celle des mes ancêtres car parait-il , Tes anges empruntent son bleu ciel pour s'élever au Paradis . Seigneur , j'ai peur de mourir loin de mes brebis et leurs bêlements , Rome est indigne de porter mon frêle et gracile corps, fais que je meurs, je T'en supplie mon Seigneur loin de cette horrible terre 》De Beata Vita (3, 25 CSEL LXIII ) Sant' Agostino
Telle était la dernière prière de celle qui fut la formidable mère du plus grand docteur de l'Église toute entière et le plus complet des philosophes . Un pieux voeu qui n'a pas trouvé d'écho auprès du Tout-Puissant Seigneur car comme pressé de l'accueillir au paradis a pris sa défèrente âme et laisser son corps redevenir poussière au pays de Saint Pierre.
Chère Monique
De Rome l'éternelle, de là où ta sainte dépouille contenue soigneusement dans un cramoisi sarcophage en marbre de carrrare, exposé dans la longue nef de cette belle et imposante basilique jouxtant la fontaine de Trevi et qui par le plus beau des hasards, porte fièrement le saint nom de ton enfant. L'enfant de Souk Ahras.
De ton tombeau érigé au milieu de ce bel édifice gothique et tel un sanctuaire à la mémoire d'une grande dame qui telle la vierge Marie a passé sa vie à adorer son Seigneur et vivre en Lui par le coeur et par la fureur de l'amour qu'elle porte au fruit de ses entrailles.
De là où des puissants césars et des omnipotents empereurs ont vécu et mourru , je veux rendre un grand hommage à la meilleures et la plus célèbre des mères qui n'est pas hélas et rassurez-vous, ma maman ni celle de mon cher enfant mais celle qui par ses sincères et profondes prières avait donné naissance et offert à l'humanité toute entière le plus intelligent des coeurs et le plus aimant et débonnaire .
À toi Monique la sainte chaouia comme aima bien te surnommer mon amie Germaine Tillion , toi la mère de mon ami et aussi ma complice par l'amour qu'on partage et qu'on a en commun pour ton futé et trublion de gamin, le grand Augustin, je veux te dire en scrutant religieusement ta belle et cafardeuse sépulture , combien je suis désolé et navré de te voir enterrer ici seule dans cette terre étrangère que tu n'eus jamais aimée, loin de ta chére patrie Souk Ahras qui un jour tu eus dit à son sujet que s'ils eussent te proposé une pièce d'or pour chaque pincée de sa poussière, tu refuseras l'offre par amour de cette terre qui n'a de prix que le plaisir d'y vivre et naître.
Rome, quatre lettres qui ont émerveillé à travers les siècles bien des grands esprits et bien des maîtres mais toi la simple enfant de la bourgade de Thagaste n'eut t'été point impressionnée par l'immensité et la beauté de cette ville qui fut pendant et pourtant plus de mille ans, la capitale éclairée du monde civilisé.
Tu vins à Rome de passage où à ta grande peine et déception, tu mourrus sur ordre du destin qui sourd à tes prières avait dédaigné d'exécuter ta dernière volonté de finir tes jours bien entourée en ton beau et cher pays que jamais tu voulus quitter si ce n'était pour aller y ramener ton enfant égaré dans la concupiscence et les voluptés de la capitale lombarde qu'il aima à volonté
Venant de Milan et de retour au pays pour retrouver ta simple vie en ta belle et verdoyante Thagaste, ton petit paradis ; épuisée d'un long et pénible voyage, tu tombas malade à mi-chemin, à Ostie, banlieue balnéaire de Rome qui quelques années auparavant, cette satanique ville comme tu aimas la qualifier, t'eut volé ton fils préféré, chose que tu ne lui eus jamais pardonnée.
Tu détestais Rome et pas seulement, mais tout son empire aussi , malade et dolente, prise de panique de finir ta vie en cette terre hostile, tu prias alors le Seigneur du plus profond de ton coeur de rajouter quelques jours à ta vie et de la prolonger le temps nécessaire pour prendre la caravelle et quitter Rome au plus vite et rejoindre ta patrie et y rendre l'âme apaisée et monter au ciel , l'esprit placide et léger .
Mais hélas, Dieu a voulu autrement , Il a jugé que ton dernier soupir expire à Rome de Saint Pierre, loin des tiens et loin de tes brebis, de tes oliviers mais aussi de tes adorables chats que tu affectionnais plus que tout et qui après toi sont devenus avec Augustin et Adéodat de malheureux et chagrinés orphelins.
Monique , tu eus aimé Souk Ahras plus que tout autre lieu au monde , tu eus dit de lui plus beau que le paradis à en avoir obligé ton fils d"y retourner et abandonner et laisser derrière lui, la luxure, la richesse et sa prometteuse carrière milanaise. Toi qui pensas que chaque fleur doit embellir d'abord le jardin où elle a poussé.
Monique, je sais que Souk Ahras te manque beaucoup et je veux que tu saches que tu lui manques énormément aussi.
Tiens, je t'ai emporté avec moi, une poignée de terre de ta ville natale pour la disperser sur ton corps pour te sentir un peu au bled . Repose en paix grande dame, si seulement tu savais où sont les restes de ton fils aujourd'hui, tu vas pleurer de regret et de déplaisir . Il sont entreposés pas loin de toi à Pavie, là où tu es venue pourtant un jour le chercher de son vivant pour le faire rentrer au pays.
Cruel destin que celui d'une mère telle que toi ma chère Monique qui s'inquièta toute sa vie pour son turbulent de gamin . Une mère qui allât le chercher de très loin et meurt en chemin et lui rentre seul au pays triste et plein de chagrin.. Repose en paix Santa Monica. Repose en paix Mamie d'Adéodat.
Tombeau de Sainte Monique Rome
https://www.facebook.com/lapagethagastoise/posts/688587354634372
Pour avoir accueilli une présence humaine depuis l’ère préhistorique, Souk Ahras est aujourd’hui riche de par son patrimoine archéologique.
Plusieurs localités de la wilaya, à l’instar de Khemissa, M’daourouch, Tifache, Taouraou Zaârouria et Sedrata, pour ne citer que ces quelques localités, renferment des vestiges qui en disent long sur leurs différents. Aujourd’hui, de cette présence, il reste des vestiges qui racontent un passé souvent très douloureux car les étrangers venant avec un esprit conquérant n’hésitaient pas à spolier les autochtones de leurs biens et à les priver de leur liberté.
Les vestiges romains de Khemissa
Khemissa ou antique Hubursicu Numidarum est située à 37 km de Souk-Ahras. Cette cité, adossée à une colline, a été érigée durant l’ère numide, puis, avec l’arrivée des Romains, au IIe siècle après J.-C., elle devient municipe, sous l’empereur Trajan, avant d’accéder, un siècle plus tard au statut de colonie honoraire. La ville renferme un très riche patrimoine archéologique qui s’étend sur plus de 65 hectares. Outre les objets usuels découverts l’été dernier, dans un probable atelier de poterie remontant à l’époque romaine, Khemissa renferme d’importants monuments de la même époque mais aussi de l’ère byzantine, tels que des bains, des forums, un arc de triomphe, une grande basilique judiciaire à colonnades, une placette située à l’est de la ville ou encore un théâtre pouvant accueillir 3000 spectateurs.
…et M’daourouch
M’daourouch ou Madaure, cité numide, devenue municipe au IIe siècle après J.-C. est connue pour ses nombreux vestiges datant de l’époque romaine. Outre les thermes, les sépultures, la forteresse et le petit théâtre, M’daourouch renferme également plusieurs habitations datant de la même époque dont chacune dispose d’un pressoir pour la trituration des olives.
Il ne faut surtout pas oublier que M’daourouch était, par le passé, un haut lieu de savoir puisque le grand théologien catholique saint Augustin et Lucius Apuleius, plus connu sous le nom d’Apulée de Madaure, auteur L'Ane d'or, considéré comme le premier roman de l'histoire y ont étudié.
La curée des lions de Sedrata
Située à environ 60km, au sud-ouest de Souk-Ahras, Sedrata est connue pour ses gravures rupestres de Kef Messaoura. En effet, sur la première paroi en grès de ce rocher montagneux ont été gravées des scènes animalières montrant six lions, un sanglier, deux chacals et sans doute une hyène. La famille de lions est en train de dévorer un sanglier, alors que les chacals attendent, peut-être le départ des fauves pour pouvoir manger les restes. Deux autruches et un bovidé sont représentés au niveau de la deuxième paroi alors que des motifs indistincts figurent sur la troisième paroi. Selon les spécialistes, qui ont eu à étudier de près ces gravures rupestres, les « animaux ne sont pas représentés isolément et les figures, au nombre de dix, correspondent entre elles. Leur interdépendance constitue une séquence de chasse prise sur le vif ».
Il est à noter que d’autres hauts lieux de tourisme et de découvertes font la fierté de la ville de Souk-Ahras, à l’instar des sources thermales d’Ouled Ziad, l’ancienne cité romaine de Henchir Kssiba, dans la commune d’Ouled Moumen, le marabout de Sidi Messaoud, …
samedi 21 septembre 2019
SOUK AHRAS EST BEL ET BIEN TEDJELT ( TAJILT )
SOURCE 2
Victor Adolphe MALTE-BRUN
La France avait tout fait pour nous cacher notre grand passé et les islamo-baathistes après elle et dans le même chemin, avaient voulu garder à jamais ce secret pour nous tromper sur nos vraies origines et notre vraie culture.
Victor Adolphe Malte-Brun, né le 25 novembre 1816 à Paris, mort le 13 juillet 1889 à Marcoussis (Essonne) était un géographe et cartographe français fils du célèbre géographe franco-danois Conrad Malte-Brun.
Lui aussi avait visité Souk Ahras quand elle s'appelait encore Tedjelt . Dans son fameux ouvrage Géographie Universelle, une œuvre revisitée et mise à jour par l'autre grand géographe de l'époque Théophile-Sébastien Lavallée , on peut lire clairement que Souk Ahras avant 1850 s'appelait Tedjelt ou Tajilt dans d'autre sources géographiques et historiques.
Ci-joint une capture du livre Géographie de Malte-Brun entièrement refondue et mise au courant par la science par Théophile-Sébastien Lavallée édition 1847.
SOUK-AHRAS (THAGASTE)
LA PLUS VIEILLE PHOTOGRAVURE DE SOUK AHRAS JANVIER 1847 SELON SON DÉTENTEUR UN COLLECTIONNEUR JAPONNAIS.
UNE VIEILLE GRAVURE DE SOUK AHRAS 1847
Cette belle photogravure est la deuxième plus ancienne connue de Souk Ahras . Elle avait été tirée par similigravure d'une très ancienne photo de Souk Ahras prise par le photographe français Alfred-Nicolas Normand. Ce photographe est aussi l'architecte qui avait fait les plans de la commune mixte de Souk Ahras, l'hôtel de ville et la prison. Il est aussi celui qui a réalisé les plans de l'agrandissement de la place Thagaste en 1888.
Alfred-Nicolas Normand est l'architecte qui avait restauré l'arc du triomphe de Paris et la colonne Vendôme . Ce célèbre architecte avait aussi construit les plus belles demeures parisiennes et françaises dont le château Latour et l'hôpital de Saint Germain de Laye classé monument historique.
Alfred-Nicolas NORMAND
LA PLUS ANCIENNE PHOTOGRAVURE DU GRAND BORDJ DE SOUK AHRAS ESTIMÉE À 1847.
LA CHUTE DE SOUK AHRAS
Le 25 mai 1843, les troupes de l'armée française occupèrent la ville de SOUK-AHRAS après deux dures et sanglantes années de résistance des tribus de REZGUI et HASNAOUI .
Au début de l'année 1856, SOUK-AHRAS a enregistré les premières vagues des colons qui arrivèrent d'Europe, en vue de s'y établir, attirés par ses atouts naturels et climatiques et par ses potentialités agricoles, commerciales, et industrielles, ce qui entraîna la mise en place d'un centre de résidents européens à SOUK-AHRAS.
Les services du Génie y érigent, en 1851-1852, un immeuble important qui recevra les assauts de tribus insurgées des environs.
Une annexe permanente dépendant de la Subdivision de Bône y sera enfin créée en 1853.
C'est le colonel de TOURVILLE qui établira le plan du futur centre qui deviendra bien vite une agglomération d'habitations avec l'arrivée de nombreuses familles d'agriculteurs et de commerçants.
Bâtie sur l'emplacement de l'ancienne Thagaste, patrie de Saint-Augustin. Le Centre a été créé en 1861 dans le département de Constantine arrondissement de Guelma près des vastes forêts à 13 km des sources de l'Hamman Zeïd.
Le 1er Commandant Supérieur sera le Capitaine FAUVELLE, qui décédera des suites d'un accident de cheval le 3 septembre 1856. L'Etat Civil va fonctionner dès 1856 et le 1er officier, le capitaine BAUMELLE pour Déjà en 1853, l'autorité militaire avait enregistré la naissance de Louis FLAMENCOURT qui aura pour pseudonyme SOUK-AHRAS. Les premières familles qui s'installent auront pour noms : Toussaint CLADA, FONTENELLE, GUELPA, MARTEL,
ROUQUETTE, BURGAT, ARROUE, FLAMENCOURT, GUASCO, BORIE, GIBELLI, POUTOUS... et bien d'autres.
Ce n’est que le 15 septembre 1858 que l’Empereur NAPOLEON lll officialisera la création de ce centre de population européenne qui portera le nom de SOUK-AHRAS.
Le centre urbain compte 2142 habitants dont 1120 Européens, 884 Musulmans et 138 Israélites.
Le 16 octobre 1858 le Commissaire Civil remplissant les fonctions d'Officier d'Etat Civil sera Mr FOURNIER. II sera remplacé
le 5 novembre 1859 par Mr Seguy VILLAVALEIX secrétaire de la Sous-préfecture de GUELMA qui verra la nomination officielle à ce poste de Mr CACAULT fin novembre de la même année.
Le 22 août 1861 un décret Impérial érige le centre en Commune de plein exercice avec pour annexe MEDJEZ-SFA. Le commissaire civil faisant fonction de maire avec pour Adjoints :
Mrs Michel DEYRON pour SOUK-AHRAS et HOMBERGER Jean pour MEDJEZ-SFA.
Nous relevons les noms des Conseillers municipaux : Mrs CLADA, GUASCO, MILLET, SAUVAGE, MONDON ;
Au titre Musulman : MEZIAN Ben Mohamed ;
Au titre étranger : KAISER ;
Au titre Israélite : NARBONI ;
La suppression du Commissariat civil va laisser la commune sans Maire.
LISTE DES PREMIERS MAIRES DE SOUK AHRAS
Michel DEYRON - 2 juin 1867 - 14 novembre 1847 Adjoint commissariat civil (fonction temporaire)
PERGAULT – Maire du 14 novembre 1867 - 19 septembre 1870 ;
Michel DEYRON - 20 SEPTEMBRE 1870 – sera le maire ;
puis Mr BURGET, en 1871 ;
Mr VALDAIRON de 1872 à 1874 ;
Noël GUASCO jusqu’en 1886 ;
puis Laurent ROSES ;
auquel succèdera en 1897 Charles LABORIE ;
puis le Docteur CLADA de 1899 à 1919 ;
et Monsieur Léon DEYRON qui succèdera également, comme le docteur CLADA, conseiller général du canton.
Gabriel BURGAT 1953
LELLA FATOUM LA M'RABTA DE SOUK AHRAS
Sans les témoignages écrits de certains anciens résidents de Souk Ahras , l'existence de cette femme aurait pu échapper à notre savoir . Lella Fatoum était une ancienne m'rabta de Souk Ahras qui aurait vécu au début du XVIIé siècle, c'est à dire bien avant Sidi Messaoud . On ne sait rien sur elle sauf qu'elle fut la sainte patronne de toute la région de Souk Ahras jusqu'aux couffins du Kef. Elle était sacrément vénérée par la population de Souk Ahras ( Tagilt )selon l'évêque de cette ville Mgr Vincent Spinola qui l'avait rencontrée vers 1615 lors de ce qu'il a appelé une ( Orgie ) qui veut dire sans doute une zerda, où ils lui avaient offert des gâteaux de dattes en forme de losange, s'agit-il des Brajes , peut-être ? Plus d'un siècle après, un autre évêque Mgr Alexandre Caputus avait parlé de son culte à Souk Ahras mais sans précisions .
L'autre témoignage nous vient du grand et savant chercheur français Berbrugger qui avait localisé son tombeau en 1850 du côté de Ras El Maa au centre de Souk Ahras . Ce sont les seuls témoignages qu'on a de cette m'rabta qui fut la sainte patronne musulmane de Souk Ahras. Où sont-ils ses restes ? Qu'elle est la relation entre cette Mrabta et Fatoum Essouda ou Essiouda ? Ce sont des questions qui n'ont pas de réponse aujourd'hui mais en aura sans doute quand toutes les archives et tous les documents des anciens évêques de Souk Ahras nous livrent tous leurs secrets . L'histoire de Souk Ahras n'est pas finie ......
Sources :
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=630120857147689&id=630118603814581&substory_index=0
- Lettre du Capitaine Lewal à la rédaction de la Revue Africaine 1856.
- Exploration scientifique de l'Algérie pendant les années 1840, 1841, 1842 (1847) Berbrugger
- Archives Évêché de Souk Ahras ( Rome)
El-Badi Ababsia ou l’oeuvre de l’absent
Le 10 octobre 1958 mourait, à Alger, dans des circonstances sombres, un jeune homme de 22 ans. Il devait, le lendemain, rejoindre son foyer à Souk-Ahras et intégrer le mouvement de la résistance armée. Le sort en a voulu autrement, #Ababsia_ElBadi est pris en chasse par la police française sur la rue Joinville.
Blessé par balles près du café Tandja, il décède quelques heures plus tard, vraisemblablement sous la torture. La Dépêche Quotidienne du 11 octobre rapporte que «le terroriste portait une grenade qu´il s´apprêtait à lancer».
L´histoire aurait pu s´arrêter là, et Ababsia aurait renfloué la liste des martyrs partis en silence. Mais El-Badi, c’est aussi une autre histoire, une autre vie. Ce jeune homme était un enfant prodige de la musique, un compositeur prolifique et une valeur artistique sûre. Dans son bourg natal de Souk-Ahras, El-Badi montrait des prédispositions impressionnantes. «Il avait le don de la musique», témoignent, admiratifs, les gens qui l´ont connu.
A 16 ans, il signe ses premières compositions et part en France. «Je reviendrai avec un diplôme en main et ma patrie toujours dans mon coeur», dit-il. Ses parents, qui espéraient le voir en blouse de médecin, durent se plier à la ferveur artistique de leur fils.
Né le 14 Février 1936 à Souk-Ahras. S’intéresse très tôt à la musique et s’inscrit au conservatoire de Constantine. Son père, tailleur de son état, voulais que son fils entame des études de médecine mais El Badi se passionne pour la musique universelle. En 1952, par ses propres moyens, il s’installe chez Mme Duchesne, au 15ème arrondissement, en compagnie d’ailleurs de son ami le cinéaste Ali Djenaoui. Entre-temps, il s’inscrit dans un conservatoire tout en prenant, par correspondance, des cours pratiques de piano à l’Ecole Universelle. Il assiste aux concerts, rencontre les artistes algériens en exil et produit énormément de la valse au boléro ( je revois ton image; Fête du printemps; Sérénade à Alger) et de la rumba à la java (Demain il fera beau ; Nuits bônoises et Ciel de la Casbah ) en passant par la marche au paso-doble ( La marche de l’espérance; Flor de Andaloucia). Son ascension est fulgurante et, à dix huit ans, il est membre de deux sociétés françaises de droit d’auteur, La Sacem et la Sdrm.
Il s´installe à Paris en 1952, s´inscrit au conservatoire, poursuit ses études pratiques de piano, déjà entamées par correspondance lorsqu´il était à Souk-Ahras, et assiste aux productions des grandes formations symphoniques et aux conférences des plus grands musicologues.
Il fait partie de cette communauté artistique qui donnera, entre autres, ce qu´on appellera plus tard la chanson de l´exil. Mahieddine Bachtarzi verra en ce jeune homme une révélation. Il ne s’était pas trompé. A 18 ans, El-Badi est membre de deux sociétés de droits d´auteur en France. A 20 ans, la radio, le cinéma et le spectacle le sollicitent. El-Badi, avant de retourner en Algérie à l´appel de la fibre patriotique, inscrit 101 compositions musicales à son catalogue.
Les correspondances de la mère du martyr avec la Sacem (l´Onda française), lui ont permit de restituer la plus grande partie de l´oeuvre de son fils. M.Auguste Attard, représentant légal des Editions musicales «José Combel» chez qui El-Badi a déposé l´essentiel de son travail, a renoncé à tous ses droits d´éditeur au profit de madame Ababsia. Ce n´est, en fait, que grâce aux démarches de celle-ci, que l´oeuvre du compositeur a pu être restituée. Malheureusement, une partie des compositions demeure introuvable malgré les recherches de la Sacem.
Un hommage lui fut rendu, en 2001, dans sa ville natale, une reconnaissance – même si elle est quelque peu tardive – qui s´imposait et qui devrait intégrer ce personnage, longtemps oublié, parmi les figures clefs de la musique algérienne. Le Conseil national de la musique apprécie l´importance de ce patrimoine. Sous la baguette de M.Mohamed Guechoud, il devait être réalisé, à l´occasion de l’hommage, un enregistrement de quelques-unes de ses compositions.
Chanson chaâbie à Souk Ahras Comme au bon vieux temps
Fidèle aux paroles et aux rythmes des cheikhs initiateurs de cette musique, l’artiste n’a pas démérité le respect que lui vouent les mélomanes et autres intellectuels de Souk-Ahras.
Puisant souvent dans les qacidat des anciens, il se permet, toutefois, des innovations sans porter atteinte à l’esprit d’une touchia ou d’un istikhbar, adaptés au contexte voulu. Ce chantre à la voix rauque mais agréable à écouter, dont la réputation a dépassé les frontières de la wilaya depuis déjà deux décennies, a récidivé, vendredi dernier, dans le cadre d’un programme non-stop concocté par la direction de la culture.
Un récital de 20 minutes, intitulé #Souk_Ahras, ya bladi, dans lequel le chanteur a glorifié les martyrs, leurs hauts faits, les monuments de la région, ses érudits, ses repères et ses vertus naturelles.
Il a fait comprendre au public qui a investi l’espace de détente situé à la cité Badji Mokhtar que l’innovation est permise, pour peu que l’âme de cette musique centenaire soit de rigueur. Selli houmoumek fi del âchia, un khlass emprunté du répertoire andalou, a fait danser un groupe de jeunes, bercés, quelques minutes auparavant, par une mélodie au verbe accessible mais pas forcément simple, et c’est là justement toute la force de la chanson chaâbie.
Une trêve de quelques secondes et c’est reparti avec une troupe aguerrie dans l’art de dominer les humeurs et un public acquis d’office à la belle parole et au rythme enchanteur. Kan ândi tir m’rabbih (J’avais élevé un oiseau), Ya babour ellouh (ô bateau en bois), et bien d’autres chansons du patrimoine algérois ont servi d’ingrédients pour la réussite d’une soirée organisée en plein air, au grand plaisir des familles sorties prendre un bol de fraîcheur nocturne, après une longue et suffocante journée.
vendredi 20 septembre 2019
HOMMAGE À EL HADJ BOUREGAA
Hommage au chantre de l'amour de Souk Ahras. Hommage à celui qu'on a interdit tout au long de sa vie d'antenne. Pour les gardiens des moeurs de l'époque , il chantait très vulgaire mais pour ceux qui savent aimer, il était le roi des poètes . Bouragaa était cet aède qui parlait de l'amour ouvertement et sans complexe mais avec une subtilité des grands chanteurs. En voici quelques exquises paroles tirées de ses multiples et belles chansons .
" Quand je ne pense pas à toi un seul et prompt instant , mon coeur me reproche ce moment d'égarement, cet acte de trahison.
Aujourd'hui , ayant survécu loin de toi fatma ma bien-aimée , tel un philosophe , tu m'as appris que mon âme après toi , ne mourra plus jamais
Que c'est beau et courageux d'aimer l'amour ce tendre et innocent sentiment , sachant impertinemment qui peut s'avérer une véritable punition... "
Qui Se Souvient De Beggar Hadda ?
Jamais peut-être une artiste en Algérie n’a été autant ignorée par les médias que cette diva du chant bédouin. En réalité, c'est l'Algérie entière qui devrait avoir honte aujourd’hui de cet ostracisme et de la manière cruelle dont s'est éteinte son étoile.
Née le 21 janvier 1920 à #Dréa chez les #Béni_Barbar, dans la wilaya de Souk Ahras, Beggar Hadda connut un destin tout particulier, une vie tumultueuse, pour ne pas dire tourmentée. La fatalité a fait en sorte que sur le plan personnel Beggar Hadda fut biologiquement stérile et divorcée par deux fois. Issue d'une famille nombreuse et mariée de force à un homme âgé, sans son consentement, à l'âge de 12 ans, par sa mère, elle-même chanteuse, elle s'enfuit du foyer conjugal pour mener une vie aventureuse en animant les fêtes familiales. Elle sera repérée ensuite par son frère aîné et remariée une autre fois dans les mêmes conditions à un militaire qui prendra une seconde épouse. Ne supportant pas de rivale, de surcroît sous le même toit, Hadda décide alors, un beau jour, de prendre son destin de femme en main.
En se moquant du qu’en-dira-t-on, elle s'investit résolument dans (la chanson bédouine) où elle s'affirme très vite avec la troupe de #Boukebche. Viendra sa rencontre, du reste, déterminante sur les hauteurs d'El-Mechroha avec l'homme de sa vie, son flûtiste et futur époux, (Brahim Ben Debbache). Une idylle quasi historique car vécue chaque soir, en direct et même, ô scandale, en public. Au détour de certains couplets tantôt enflammés tantôt mélancoliques, Hadda exprimait, sans ambages, son amour pour Brahim qui lui répliquait par les tonalités de sa gasba. Il faut savoir qu'à ses débuts, Hadda chantait à visage découvert pour les femmes dans les fêtes de mariage et voilée avec un “aâjar” pour les soirées réservées aux hommes. Mais ses admirateurs des deux sexes ne se disputeront pas longtemps la cantatrice qui deviendra, très vite, l'une des premières femmes à chanter en Algérie pour un auditoire aussi bien masculin que féminin. Une révolution à l'époque. Cette mixité avant l'heure était alors impensable même dans les milieux citadins où les orchestres étaient strictement féminins, à l'image des F'kirettes.
Une femme amoureuse
Sur le registre sentimental, Beggar Hadda, femme éprise s'il en est, chantera merveilleusement l'amour dans une langue métaphorique à faire pâlir tous les crooners de la planète.
Jugeons-en par ce court extrait dans lequel ce petit bout de femme se disait capable, pour assouvir son désir, de réduire une montagne en poussières ! Yel Kef Elâali, Twatta ouella n'haddek, khalini n'chouf h'bibi oua naâoued n'rodek, intime-t-elle à un éminent sommet l'ordre de s'incliner afin de lui permettre de voir son bien-aimé. Mais parfois sa voix nasillarde rend cet art sans artifice complètement inintelligible. D'emblée, le dialecte et l'accent de Beggar Hadda renvoient à l'extrême est du pays. La première écoute surprend donc par le timbre spécial de la voix de celle qu'on appelait Hadda “El-Khencha”. Mais cette altération notoire de sa voix est loin de constituer un quelconque handicap pour les initiés. Au contraire, ces derniers y décèlent un charme irrésistible. D'ailleurs, la liste est longue des chanteurs célèbres qui chantent par leur nez. On peut citer, à ce titre, Joe Cocker, Bob Dylan, Tom Waits, etc. De plus, la simplicité des paroles n'ôte en rien à son riche répertoire regorgeant de subtilités et d'une grande sagesse paysanne. Beggar Hadda a bel et bien incarné la femme rurale et le douar (terroir), son lieu d'inspiration. Et si on fait l'effort d'y prêter l'oreille, on perçoit très vite, chez elle, des pointes de lyrisme, de la poésie et surtout beaucoup de vécu. On est bien ici dans l'art brut, sans fioritures, un art utilitaire, et donc forcément universel. Autre particularisme (et non des moindres), celui-ci tient du fait que la contrée d'origine de la diva a longtemps été le théâtre d'atroces combats contre le colonialisme, une résistance plusieurs fois millénaires. Ya Djebel Boukhadra, Jak italian Taha Hajek ! Ya (Ô mont de Boukhadra, l’Italien est venu exploiter tes roches !) Une chanson qui glorifie une grève des mineurs pour laquelle Jean Jaurès avait apporté lui-même son soutien. Il faut ajouter que Beggar Hadda était durant la guerre de Libération nationale une véritable “égérie” des troupes de la fameuse base de l'Est stationées aux confins de l'Algérie. Elle ne chantera pas seulement les faits d'armes et l'héroïsme des djounoud, mais elle pleurera aussi souvent les pertes et les malheurs. Ya djoundi khouya et Damou sayehma bin el ouidène resteront des chants patriotiques qui décriront à jamais la dure réalité du maquis et qui suggèrent souvent la loyauté et même le sacrifice pour une cause juste. En défendant, par ailleurs, des valeurs qui ont galvanisé des milliers de soldats de l'ALN, on peut affirmer que cette grande dame de la chanson bédouine a contribué, pour sa part, à la fondation de ce pays dont elle a admirablement chanté et accompagné la geste nationale. Et pourtant, la célèbre chanteuse mourut mendiante et moitié folle, dans la rue à Annaba en janvier 2000. Sa fin tragique marquée par la sénilité interpelle aujourd’hui encore sur l’ingratitude des hommes et surtout sur la précarité du métier d'artiste en Algérie. Cette descente aux enfers de Beggar Hadda, un cas symptomatique, reflète on ne peut mieux l'état de déperdition dans lequel se trouve la culture d'une manière générale dans notre société.
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