samedi 31 août 2019

L’olivier de Saint Augustin, la "vigie verdoyante" de Souk Ahras







Du haut du monticule de Sidi-Messaoud, l’olivier  dit de Saint Augustin, toujours verdoyant, veille inlassablement, depuis des  siècles, sur l’antique Thagaste, aujourd’hui Souk Ahras.

Les habitants de cette ville qualifiée jadis de cité des saints, ont  réservé, à travers des générations successives, une place particulière à cet  arbre découvert en 1843 par une mission française.
Symbole de paix, de concorde et de longévité, l’olivier symbolise aussi  toute une ville, celle de Souk Ahras où cohabitèrent les religions et qui a  enfanté tant d'illustres personnalités, en plus de Sainte Monique et de son  illustre fils, Augustin. Saint Augustin qui vécut entre 354 et 430 aurait passé, à l’ombre de  cet olivier millénaire, de longues heures à prier, à méditer et à rédiger ses  ouvrages, soutiennent certains historiens et spécialistes de l’augustinisme.
Mais pour les responsables du tourisme de la wilaya, cet arbre représente  aujourd’hui un véritable site touristique et un lieu de pèlerinage qui attire  annuellement de nombreux groupes de visiteurs de diverses nationalités, italienne,  française, américaine et portugaise, y compris d'anciens depuis la tenue en 2001 du colloque international sur la vie de Saint  Augustin, qui a mis en évidence l'origine algérienne et berbère de cet illustre  penseur et théologien, les agences de voyage spécialisées dans le tourisme culturel,  n’ont pas cessé d’y conduire les touristes dont le nombre aurait atteint plusieurs  centaines depuis janvier.   
     
Une tradition sociale, maintenue jusque durant les premières décennies  de l’indépendance, faisait que les mères allaient enterrer sous cet olivier  les prépuces excisés de leurs garçons et priaient pour qu’ils aient l’intelligence  de ce religieux érudit.

Les plus riches d’entre elles organisaient même des Zerdas, ces copieux  festins collectifs, près de cet arbre pour la "baraka".

 Les questions de savoir si cet arbre a réellement quelque chose à voir  avec le saint homme et si oui ou non ce dernier l’a lui-même planté, demeurent  récurrentes parmi les gens de Souk Ahras.

Pour le président de l’association locale "Réflexion et initiatives",  M. Badri Loudjali, cet olivier existait bien avant Saint Augustin. Selon lui,  l’association du nom de l’érudit à cet arbre vient du fait que l'homme fréquentait  assidûment cet endroit pour y jouer, enfant, et pour y méditer, plus tard.  La directrice des sites archéologiques, Mme Dalila Zebda, rappelant  qu'il ne se passe presque jamais un jour sans qu’il y ait un écrit ou un article  sur Saint Augustin, estime qu'il est temps de lancer une étude de dendrochronologie  pour fixer exactement l’âge de cet arbre qui aurait, selon certaines études,  environ 2.900 ans.
Selon la même source, une opération de réhabilitation de cet arbre a  été réalisée en 2005, avec la collaboration de la municipalité d’Ostie (Italie),  la ville portuaire de la Rome antique où est enterrée Sainte Monique, mère d’Augustin.
Les travaux avaient porté sur le réaménagement des alentours de l’arbre  et la construction, selon une conception originale, œuvre d’un groupe d’architectes,  d’un petit musée où sont aujourd'hui exposés des tableaux représentant Saint  Augustin, sa mère, des membres de sa famille et ses compagnons.  La même responsable plaide également en faveur de la classification  de cet arbre en tant que patrimoine national, à l’exemple de l’arbre Dardara,  à Ghriss (Mascara) à l’ombre duquel plusieurs notables et tribus firent allégeance  à l’Emir Abdelkader pour conduire la résistance armée, le 28 novembre 1832,  et de plusieurs autres arbres classés aux Etats-Unis et au Japon.
De son côté, M. Amar Djabourabbi de la même association locale estime  que les agences touristiques locales et nationales doivent développer des produits  et des circuits touristiques qui valorisent les sites de la région dont la basilique  de St Augustin, à Annaba et son olivier, à Souk Ahras. 

Pour le moment, déplore-t-il, la majorité des groupes de touristes qui  visitent ces sites sont encadrés par des agences touristiques tunisiennes. Pour M. Djalal Hechab, chercheur en culture populaire au centre universitaire  de Souk Ahras, s’agissant de symboles de prospérité et de générosité, des oliviers  sont l’objet de croyances populaires.

C’est notamment le cas de celui d’Oum  Chlayek (morceaux de tissus), à Mezghiche, dans la wilaya de Souk Ahras.
Selon la croyance populaire, rappelle cet universitaire, lorsqu’on accroche  des bouts de tissus sur les branches de cet arbre, c'est comme si l’on accrochait  ses maux pour repartir léger et soulagé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire